Ironiquement, la rédaction de cet éditorial sur les soins primaires a été interrompue par une visite inattendue chez mon médecin de famille. Assise dans la salle d’attente, une pièce qui ressemble beaucoup à celle de la couverture de ce numéro, j’ai observé les nombreuses affiches qui ornaient les murs. Parmi les annonces proposant divers services, il y avait des publicités de programmes de santé nutritionnelle, entre autres « Getting the Fats Straight [La vérité sur les gras] », « Craving ChangeMC [Faim de changement] », « Diabetes ABC [L’ABC du diabète] », « Bone Health [Santé des os] », « Eating Well, Aging Well [Bien manger, bien vieillir] » et « Supporting your Picky Eater [Soutenir un enfant qui fait la fine bouche] ». Cette gamme diversifiée d’offres, bien que non exhaustive, met en évidence le rôle important des diététistes de soins primaires dans la promotion de la santé et la gestion des maladies chroniques. En plus d’indiquer le nom des diététistes et autres prestataires qui animent ces séances, les affiches invitaient les patients à demander à leur médecin s’ils y étaient admissibles. Mais comment les médecins de famille décident-ils qui parmi leurs patients devrait être dirigé vers ces programmes ou vers du counseling en nutrition? En fait, des outils de dépistage nutritionnel valides, fiables et simples permettent d’identifier les personnes à risque qui gagneraient à consulter un ou une diététiste. Deux articles de ce numéro portent d’ailleurs sur le dépistage nutritionnel dans ce contexte.
Mills et Trinca ont réalisé une revue générale afin de synthétiser ce que les revues systématiques et les lignes directrices de pratique clinique existantes révèlent sur l’évaluation du risque nutritionnel chez les aînés en contexte de soins primaires [
1]. Elles ont déterminé que des recherches de grande qualité doivent être menées, mais en l’absence de données fiables, les lignes directrices recommandent un dépistage nutritionnel annuel des adultes de 65 ans et plus par l’équipe de soins primaires, avec un dépistage supplémentaire en cas de préoccupation clinique.
Dans une autre étude, Ghosh et al. ont comparé 3 équations servant à calculer le pourcentage de gras corporel pour prédire la santé métabolique chez 514 patients en soins primaires résidant en Alberta [
2]. Ils ont conclu qu’aucun des calculs ni aucune des mesures anthropométriques traditionnelles ne permettaient de prédire les écarts réduits métaboliques. Des outils de dépistage sont donc nécessaires pour identifier avec précision les personnes présentant un risque accru de maladie métabolique.
Les médecins de famille et les équipes de soins primaires doivent concilier le dépistage avec d’autres aspects des soins aux patients. À cet égard, beaucoup de lignes directrices sur le dépistage de diverses maladies ont été publiées ces dernières années par une variété d’organisations, et ces lignes directrices changent continuellement. Une étude par simulation publiée plus tôt cette année a estimé qu’un médecin de famille aurait besoin de 14,1 heures par jour pour fournir les soins préventifs recommandés par les lignes directrices actuelles [
3]. Or, l’étude a montré que ce temps pourrait être réduit de plus de 50 % si les tâches liées à la nutrition étaient confiées aux diététistes [
3].
Les deux articles de ce numéro soulignent la nécessité de poursuivre les recherches sur le dépistage nutritionnel dans le contexte des soins primaires. Toutefois, des efforts concertés pour améliorer l’accès aux diététistes en soins primaires sont également justifiés. Comme l’illustrent les affiches placées dans le cabinet de mon médecin, les diététistes font partie intégrante de l’équipe de soins primaires. La pénurie actuelle de médecins créant une crise des soins primaires, les diététistes peuvent réduire la charge de travail des médecins de famille et améliorer l’expérience des patients en favorisant un dépistage, un suivi, une éducation et une prise en charge efficaces des problèmes liés à la nutrition [
4].
Enfin, nous sommes heureux de partager avec vous les résumés de recherche de la Fondation canadienne pour la recherche en diététique. Ceux-ci ont été présentés sous forme d’affiches électroniques ou de présentations orales lors de la Conférence nationale des diététistes du Canada à Montréal.