À sa création, l’objectif premier de la Revue canadienne de la pratique et de la recherche en diététique était de publier les conclusions de la recherche en diététique au Canada. Ses objectifs secondaires étaient de favoriser la communication et la collaboration entre les chercheurs et de susciter un enthousiasme pour l’éducation permanente au sein de la profession. Quatre-vingt-cinq ans plus tard, ces objectifs demeurent les mêmes.
Cherchant à en faire une publication scientifique professionnelle respectée, l’équipe de la
Revue a concentré ses efforts sur la publication d’articles de recherche et de revue. Mais comme le souligne l’article de Brady et Bromley de ce numéro d’hiver, les recherches publiées étaient essentiellement de nature quantitative [
1].
Historiquement, la recherche qualitative était peu répandue en médecine et dans les sciences de la santé en raison de l’approche réductionniste ou mécaniste incarnée par le paradigme biomédical, qui met l’accent sur la mesure, la catégorisation et les données numériques. Au cours des 20 dernières années, on a pris davantage conscience de l’importance et de la valeur de la recherche qualitative pour la pratique et la politique. Il n’en reste pas moins que les méthodologies quantitatives continuent d’être largement privilégiées. Dans leur analyse du contenu d’articles originaux publiés dans la
Revue entre 2012 et 2021, Brady et Bromley rapportent que 13 % étaient basés sur des méthodes qualitatives et que, dans l’ensemble, la qualité méthodologique et la qualité des rapports de ces études étaient faibles [
1]. Ces observations sont comparables à celles de Stickley et al., qui ont observé que 15 des 100 études de recherche originales les plus récemment publiées dans des revues de santé publique étaient basées sur des méthodes mixtes ou qualitatives [
2]. Une autre revue de Gagliardi et Dobrow a révélé que moins de 1 % de tous les articles publiés dans des revues médicales générales et moins de 7 % de ceux publiés dans des revues de recherche sur les services et les politiques de santé concernaient des études qualitatives [
3].
Pour assurer l’atteinte de nos objectifs de longue date, la Revue doit reconnaître ces tendances inhérentes à l’édition savante et les défis auxquels sont confrontés les chercheurs qualitatifs en mettant de l’avant des politiques éditoriales inclusives qui encouragent la soumission et la publication de recherches qualitatives de grande qualité. Ultimement, tous les articles doivent avoir un objectif clair étayé par une justification solide des travaux, et le choix de la méthodologie de recherche devrait toujours être approprié pour répondre à la question de recherche. Qu’il s’agisse de méthodes qualitatives ou quantitatives, la conduite et l’analyse des études devraient être présentées de manière transparente, et leur contribution aux connaissances existantes devrait être précisée.
Plus récemment, les progrès rapides de technologies telles que l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique contribuent à l’analyse et à l’interprétation des données qualitatives et quantitatives, et ont le potentiel de transformer la recherche en santé. Parallèlement, ces technologies réinventent le paysage de l’édition savante en automatisant et rationalisant le processus de publication. Elles peuvent également aider les auteurs à préparer leurs manuscrits. Toutefois, il faut trouver l’équilibre délicat entre l’adoption de cette innovation et le maintien de normes de qualité rigoureuses… Mais cette intégration de l’IA est un sujet pour un prochain éditorial!